Jour: 26 avril 2020

Journée nationale du souvenir des Victimes et des Héros de la Déportation

Publié le Mis à jour le

Chaque dernier dimanche d’avril, depuis 1954, se déroule une cérémonie publique en mémoire des victimes et des héros de la déportation. Habituellement, un peu partout en France, et pour nous au cimetière de Tournedos-sur- Seine, nous sommes rassemblés dans le recueillement.

Mais la crise sanitaire du Covid-19 a interdit les rassemblements qui devaient avoir lieu ce dimanche 26 avril. La cérémonie n’aura donc pas lieu.

Souvenons-nous ici de nos déportés :

  • Souvenons-nous de Gérard GRIMPREL (Paris 04/01/1906 – DORA Mittelbau 17/01/1944) :

Sous-directeur d’une grande compagnie d’assurances fondée par son père, il fréquente avant-guerre la grande propriété familiale de Tournedos-sur-Seine, conservée par sa famille jusque dans les années 70.

Il entre dans la Résistance à compter du 1er novembre 1942, en tant que membre d’un réseau de renseignement militaire de la France Libre.

Arrêté par la police allemande le 21 janvier 1943 à Paris, il est déporté le 20 avril 1943 depuis Compiègne à destination de Mauthausen (Autriche), matricule 28118.

Il est versé au commando de travail de Wiener Neustadt le 8 août 1943, pour être employé dans une usine d’armement. Il est transféré à Buchenwald le 20 novembre 1943 et affecté trois jours plus tard en commando de travail dans un chantier du DORA (Deutsche Organisation Reich Arbeit) pour le creusement d’usines souterraines destinées à la fabrication des V2. Les conditions y sont extrêmement dures : froid, humidité, travail harassant, manque de nourriture et de soins.

Il meurt le 17 janvier 1944 à DORA, camp de Mittelbau, Land de Thuringe, Allemagne.

  • Souvenons-nous de Marcelle THIERRY-MIEG née HERVEY (Versailles 11/06/1885 – Ravensbrück 09/02/1945)

Fille du sénateur de l’Eure Maurice HERVEY, elle a vécu son enfance à Notre-Dame-du-Vaudreuil, dans la propriété familiale des Sablons, actuellement murée et abandonnée, située aujourd’hui dans le périmètre d’un club d’équitation sur le territoire de Val-de-Reuil. Ses attaches sont nombreuses ici : elle est la sœur de Françoise HERVEY épouse OBERKAMPF DE DABRUN, dont la nombreuse descendance fréquente encore assidûment la propriété familiale à Tournedos-sur-Seine. Par sa mère elle descend de la famille RAOUL-DUVAL, encore représentée au Vaudreuil, et qui donna à la Résistance un célèbre Compagnon de la Libération, Claude RAOUL-DUVAL.

Veuve, mère de cinq enfants, Marcelle THIERRY-MIEG est recrutée par le pilote d’avion Roger HÉRISSÉ, chef des opérations aériennes de la Résistance pour notre région. Elle entre le 1er novembre 1942 dans le réseau de renseignement CND (Confrérie Notre-Dame), fondé à Londres sous l’autorité du Général DE GAULLE et dirigé par le fameux colonel RÉMY.

En 1943, elle cache chez elle, au 27 rue Franklin à Paris 16e, un radio américain dont l’avion s’était crashé près de Pont-de-l’Arche le 4 avril 1943.

Elle est arrêtée le 23 juin 1943.

Déportée, elle décède le 9 février 1945 à Ravensbrück, Allemagne.

DSC_0311

  • Souvenons-nous aussi des membres de sa famille qui ne sont pas morts en déportation, mais ont sacrifié leur jeunesse et risqué leur vie pour notre liberté :

Sa sœur Antoinette HERVEY, résistante (Paris 29/04/1891 – Pont-de-l’Arche 24/04/1979).

Son fils François THIERRY-MIEG (Paris 18/11/1908 – Chatou 30/09/1995) très grande figure de la Résistance sous le pseudonyme de Jacques VAUDREUIL, qui fut déporté dans des camps de concentration russes en 1941.

François TM déc par Gen de gaulle
François Thierry-Mieg décoré par le général de Gaulle

Sa fille Claude THIERRY-MIEG épouse ADIDA (Paris 21/08/1917 – Paris 02/05/2014) grande résistante sous le nom de Janine VAUDREUIL.

Cette dernière résumait l’évidence de l’engagement familial en une formule saisissante : « Nous sommes nés dans un drapeau ».

  • Souvenons-nous enfin et surtout de ceux qui n’ont pas été des héros mais des victimes, sacrifiées sur l’autel de la lâcheté internationale et des intérêts politiques du moment. Souvenons-nous de ces millions d’hommes, femmes et petits enfants juifs, des gens du voyage, de ceux appartenant à des minorités sexuelles, qui ont été arrêtés, humiliés, torturés et assassinés. Nous devons bien à tous ceux qui souffrirent le martyre de la déportation une pensée ou une prière, selon nos convictions, en ce 26 avril.

Et pour que le souvenir demeure, nous publions ici le message des associations mémorielles :

Ce message a été rédigé conjointement par : la Fédération nationale des déportés, internés, résistants et patriotes (FNDIRP), la fondation pour la mémoire de la déportation (FMD) et les Associations de mémoire des camps nazis, l’Union nationale des associations de déportés, internés, de la résistance et des familles (UNADIF-FNDIR) :

« Dimanche 26 avril 2020. Il y a soixante-quinze ans, au printemps 1945, plus de 700.000 hommes, femmes et enfants étaient regroupés dans ce qui restait de l’univers concentrationnaire et génocidaire nazi à l’agonie. La moitié d’entre eux devait encore périr, notamment dans les marches de la mort, avant que les armées alliées, dans leur progression, n’ouvrent enfin les portes des camps sur une insoutenable vision d’horreur. Les survivants de ce drame du genre humain, par leur esprit de résistance, leur volonté et leur profond attachement à préserver leur dignité, ont surmonté des conditions inhumaines malgré la présence et la menace permanentes de la mort.
Le 1er octobre 1946 s’achevait le procès de Nuremberg qui fondait la notion de « crime contre l’humanité » et posait les bases du droit pénal international. De tout cela, rien ne doit être oublié…
Et pourtant, si les déportés ont su montrer dans les pires circonstances que la résistance face au crime demeurait toujours possible, leur persévérance à témoigner partout et auprès de tous ne suffit pas à faire disparaître la haine, le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme et le rejet des différences.
Combattre sans relâche les idéologies qui affaiblissent notre modèle républicain et prônent le retour à l’obscurantisme et au fanatisme, promouvoir la tolérance, investir dans l’éducation morale et civique des jeunes générations : c’est le message des déportés, qui veulent faire de la journée nationale du Souvenir des Victimes et des Héros de la Déportation, une journée d’hommage, de recueillement, et plus encore, d’engagement personnel. La période dramatique de la déportation rappelle en effet cruellement que les êtres humains sont responsables de l’avenir qu’ils préparent à leurs enfants, et qu’ils partagent une même communauté de destin. »